Une brève histoire de la bibliothèque municipale d'Auxerre
Constituée à l'époque révolutionnaire par le père Laire, bibliothécaire de Monseigneur Loménie de Brienne, la Bibliothèque est principalement constituée avec des ouvrages confisqués à l'abbaye de Pontigny, à l'abbaye Saint-Germain et aux autres communautés d'Auxerre, ainsi qu'aux émigrés : Martineau de Soleines, Tardieu de Maleyssie et Planelli.
En l'an XII, Prunelle, délégué du Ministère de l'Intérieur, fit prélever des manuscrits et des imprimés au bénéfice de l'Ecole de médecine de Montpellier.
Au XIXe et au XXe siècles, la bibliothèque s'enrichit de nombreux legs.
Installée d'abord dans l'abbaye Saint-Germain, puis dans une aile du collège, ensuite dans les locaux vacants de l'église Notre-Dame-la-d'Hors, elle a pris place sous le Second Empire dans un bâtiment qui abritait également le musée. En 1979, elle gagne le quartier du Pont, dans une nouvelle structure de 3100 m2, conçue par l'architecte Alain Bourbonnais. Deux annexes de quartier, construites en 1973 et 1976, renforcent cet équipement.
François-Xavier LAIRE, fondateur de la Bibliothèque d'Auxerre
François-Xavier Laire est né le 10 septembre 1738, à Vadan, près de Gray dans le Jura. Issu d'une famille de modestes laboureurs, il étudie cependant au collège de Dole. Dans cette ville, il fréquente les bibliothèques, d'où lui vient le goût et l'amour des livres. Après avoir enseigné chez les minimes d'Arbois, il s'établit à Rome en 1774. Il profite de ce séjour en Italie pour visiter les principales bibliothèques de la péninsule et décrire les anciennes éditions qu'elles renferment. Il se fait ainsi remarquer des savants et du prince de Salm Salm qui le nomme son bibliothécaire. La mort du prince l'oblige à rentrer en France dans une maison de son ordre, à Besançon.
En 1786, Mgr de Loménie de Brienne, alors archevêque de Toulouse, lui propose un poste de bibliothécaire. Dès 1788, il repart en Italie pour faire de nouvelles recherches et enrichir d'éditions rares la collection de son maître. A son retour, il rejoint le cardinal, nommé archevêque de Sens.
La Révolution a éclaté. Elle donne au père Laire l'occasion d'employer au mieux sa science bibliographique. Nommé bibliothécaire du district de Sens, le 15 avril 1791, il est chargé de réunir les livres ayant appartenu aux congrégations religieuses supprimées. Il propose au gouvernement un "Mémoire sur les mesures à prendre pour prévenir la dégradation des monuments des arts". Lors de l'organisation des Ecoles Centrales, Laire est nommé bibliothécaire du département et vient se fixer à Auxerre (non sans réticences : "C'est donc à Auxerre qu'il faut aller mourir, en se rapprochant de ma patrie natale..."). Il ouvre, dans le chef-lieu du département, un cours de bibliographie et se consacre à enrichir les collections placées sous sa responsabilité. Ainsi, le 30 frimaire de l'an VIII (21 décembre 1799), il se rend à Paris : ... "J'ai couru les ministères, les bureaux, les commis, j'ai surmonté tous les obstacles et je me suis fait autoriser à fouiller tous les grands dépôts de Paris pour les livres nationaux... J'ai enlevé quatorze caisses pesant huit milliers et j'estime mon enlèvement à trente-six mille francs...".
La mort le surprend en pleine activité, le 27 mars 1801, à Auxerre.
(Extrait du catalogue de l'exposition Sous la main de la Nation : la Révolution française et les bibliothèques. L'histoire de la bibliothèque municipale d'Auxerre. Catalogue réalisé par la bibliothèque municipale d'Auxerre en 1989.)